18 juillet 2011

Anthropologie du Twittos


J'aime mes twittos. Je suis tellement accro à Twitter et j'y passe tellement de temps qu'on va bientôt me demander de payer un loyer et la taxe foncière. Cependant, j'oscille souvent  entre amusement et consternation, tendresse et fureur, MDR et WTF, intérêt et reticence. En résonnance parfaite avec mes atermoiements internes, le twittos est frondeur et insoumis, conformiste et bien pensant, innovateur et libre-penseur, flagorneur et servile, contestateur et cynique, affectueux et réconfortant, arrogant et prétentieux, hilarant et créatif. En bref, et ne lui en déplaise, le twittos, qui s'imagine appartenir à une caste qui le place au-dessus du commun des virtuels, est l'exact reflet de son pendant IRL, l'être humain. Petite exégèse:
 
Le twittos ésoté-geek: Il passe son temps à informer ses followers de ses inestimables découvertes technologiques et ça ressemble un peu à ça: "Ajoutez une application HTML/RSS en flux 3.0 sans avoir à utiliser le câble Micro ATX sur iPad". Comme IRL je ne maitrise pas encore à fond le fonctionnement du tournebroche /grilloir de mon four hyper moderne modèle 1935, les tribulations d'Androïd avec option Macbook touch-Pad Chrome w200 a transposition 3D me laissent dubitative et un brin perplexe.
Le twittos unfollow-phobique: Dès qu'un autre twittos le quitte, il geint, il râle, il grince, environ dans la minute qui suit l'unfollow (Ah ben sympa @tartagueulealarecre m'a unfollow pendant que je pissais un coup). On sent l'obsessionnel. Parfois même, pensant sincèrement que nous serons dupes, il choisit un autre angle et le fait remarquer de manière détachée, comme si c'était la chose la plus inintéressante ou divertissante au monde (tiens, @gloubiboulga m'a UNFOLLOW. MDR). Ou encore il envoie des baisers d'adieu. A la plupart des twittos, il ne viendrait même pas à l'idée de mentionner un unfollow. Lui y voit apparemment un lâche abandon, voire une subtile attaque qui le renie jusqu'au tréfonds de son être. Je soupçonne l'unfollow-phobique d'arpenter sa demeure, un carnet à la main et d'y noter fébrilement: "M'ont unfollow cette semaine:3 chaussettes aspirées par la machine à laver, une demi-douzaine d'œufs enfuis sournoisement dans une omelette, un salaud de patron et un RER. J'ai mal!".
Le twittolympien: Il twitte au-dessus de la plèbe. Il est important ou il est connu, ne serait-ce qu'a la dimension de la flaque Twitter dans laquelle il évolue. Etonnamment, il y a d'autres twittos, bien plus influents, ou talentueux, ou notoires qui ont la simplicité et  l'humilité de répondre aux micro-twittos qui s'adressent à eux, malgré leur nombre impressionnant, quand le tweet est pertinent et correctement orthographié (@Loulou_Officiel  rpds moi stp mon loulou jtaime tro). Le twittolympien lui, trouve cela en dessous de sa condition quasi-divine. Avant de communiquer, il doit s'assurer que son interlo-twittos est digne de son attention et que son compte est bien fourni. A moins de 2,000 followers, passe ton chemin manant. Bien que souvent de gauche et défendant des causes humanitaires, le twittolympien adopte un comportement singulièrement régalien.
L'alpha-twittos: Souvent masculin. Mais on peut trouver son pendant féminin. L'alpha-twittos est souvent agressif mais pas troll, misogyne mais priapique(mais nan @chouchounette en fait c'est trop du lol, je d'sisais pas ça pour toi. Et sinon je te saute quand?) et aime à déclarer son mépris de la tweet-populace des qu'elle est un peu trop bisounours à son goût. Il aime suggérer qu'il est entouré d'un harem de twistas admiratives et dévouées. Il a des idées sur tout, mais surtout contre tout. Son terme de prédilection est "pathétique". Le dernier billet de @jesuizinfluent est pathétique (trad: a été lu, commenté, retweeté et je meurs de jalousie), la réponse de @maisfermetagueule à ses railleries est pathétique (trad: je suis vexé à mort, il m'a bien mouché ce salaud), les photos de vacances de @beaugossebronze sont pathétiques ( trad: putain, je partirais bien au soleil moi aussi au lieu de twitter tout seul comme un loser). Bref, nous savons tous instinctivement que l'alpha-twittos en a une toute petite. Alors il compense.
Le twittos-maffia: Il avance en bande, il a des disciples et quelques twittos-copains influents. Il se congratule continuellement et mutuellement de sa coolitude bienveillante qui rejaillit dans tous les domaines. Ses  idées politiques collégiales sont brillantes et éclairées ( Non mais quelle loque cette @candidatemesfesses), ses goûts musicaux sont eclectico-snobs (#NP "The Trip on the Moon- Kiss my ass baby"  le reste c'est trop de la merde poke @teytropnul)  et il raille tout ce qui n'est pas eux (Arf). Sa bande a quelques têtes de turcs désignées (qui sont d'ailleurs parfois réellement de vrais cons avérés) qu'ils raillent en se renvoyant des tweets comme une balle que les autres twittos, spectateurs passifs, ont du mal a saisir au vol ( Ça me rappelle quand @machinlahaine nous envoyait les photos de @Zazalafolle hein, pas toi?). Il a ses blagues privées et un peu hermétiques mais permet cependant parfois à quelques admirateurs persévérants d'entrer dans le cercle. Dans sa bande, on est bon prince.

Le twittos wanabe: Il est parti de rien, sans un tweet en poche, et il trime dur pour se faire une place. Comme il n'a pas la naïveté de compter sur son seul talent de loleur/retweeteur/auteur/causeur/ centquarantecaractereur pour attirer par milliers d'autres twittos prêt à béer d'admiration et à rechercher avidement  sa proximité, il a une stratégie imparable: la séduction des puissants. En langage populaire, on appelle ça de la lèche. Il s'agit donc de choisir avec soin le ou les twittos à soumettre. Répondre à leurs tweets (@wanabe à @jesuisunestar: Bravo pour ton article!) et s'atteler à la tâche avec constance et pugnacité. Une fois que le wanabe a réussi à faire partie du paysage, ou à arracher un sourire à @jesuisunestar, il y a de grandes chances pour que celui-ci se décide à le suivre, ne serait-ce que pour des raisons de commodité. En effet, pourquoi se fatiguer à aller voir dans les mentions (mais oui, même les puissants sont avides de reconnaissance) alors qu'il est plus pratique d'ajouter ce petit twittos ma foi bien sympathique sur sa TL. Mission accomplie. Au suivant.
La liste n'est bien entendu pas exhaustive. Et soyons honnêtes, nous avons tous à un moment ou un autre présenté de plus ou moins troublantes ressemblances avec l'un de ces portraits. Moi surtout. Parfois les travers des twittos me les rendent particulièrement insupportables. Mais la plupart du temps, je les trouve tout simplement attendrissants. Je crois que le mot exact est "humains".

2 commentaires:

  1. Mince, c'est pour ça que je n'arrive pas vraiment à m'intéresser aux Touïts de Schubert.

    Il n'y a pas assez de place pour le texte, je n'ai pas l'esprit de bande et puis de toute façon, Je n'ai pas beaucoup de lecteurs en général.

    En plus, le coté foutoir des technos ou des américains qui me demandent de checker telle info dont je me fous fait que j'ai du mal à accrocher.

    Heureusement qu'on peut faire des bons mots et mettre des liens sur des pages développées sinon j'aurais l'impression de passer à coté d'un truc (mais je crois quand même que je suis passé à coté d'un truc).

    Voilà, c'était le commentaire-confession du jour.

    Voili voilà

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  2. Twittos un jour
    Facebooké le lendemain
    D'un jour à l'autre
    Jamais trop au lit
    Pour être au net ?

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