15 décembre 2011

Etes-vous plutôt Twizophrène ou twichotique?


Vu de l'extérieur vous avez l'air parfaitement normal. Un travail, des amis, une famille, parfois des amants, un conjoint ou des enfants. Seulement vous avez un vilain petit secret. Vous appartenez à une secte. Une secte dont on parle beaucoup dans les medias, qu'on analyse, qu'on attife de graphes genre sérieux et scientifiques, on parle de révolution, de réseau social, de microblogging, de medias et de trucs en –isme qui donne au tout un air moderne et futuriste de bon aloi. Seuls ceux qui se trouvent à l'extérieur de Twitter se laissent prendre à ce charabia internet. Vous qui êtes quotidiennement phagocytés par la secte Twitter, vous savez pertinemment que cela fait bien longtemps que vous n'appartenez plus vraiment à la communauté des humains dits "normaux" mais que vous avez vendu votre âme au Diable du 2.0 et que votre perception de la normalité est devenue dangereusement borderline. La preuve, quand des non-initiés vous demandent de vous expliquer ce qu'est ce Twitter dont tout le monde parle, vous vous surprenez à penser, en parallèle à une explication décousue que vous avez un mal fou à rendre cohérente, que vous êtes en train de passer pour un grand malade:
"Ben s'tu veux, c'est des gens qui écrivent des trucs et toi tu les lis, et desfois tu réponds, et puis y'a des gens qui te suivent, et toi tu les suis aussi mais c'est pas obligé, c'est comme des textos mais avec des centaines de gens et tu peux pas écrire plus de 140 caractères et aussi tu peux renvoyer à des autres qui te suivent ce que ceux que tu suis ont écrit et eux aussi ils font pareil avec ce que tu écris et c'est SUPER SYMPA. Enfin tu vois quoi".
Rien qu'à voir le regard sceptique entaché d'un soupçon d'inquiétude que vous jette votre interlocuteur, vous comprenez qu'il vous prend pour un demeuré au mieux, et pour un candidat à l'hospitalisation psychiatrique au pire et qu'il ne voit rien du tout, à part peut-être un entonnoir imaginaire sur votre tête.

La frontière entre ces deux diagnostics est ténue. Afin de déterminer votre degré d'addiction, voici quelques exemples de réactions typiques d'allumés de Twitter  qui vous permettront de vous situer sur une échelle allant de "irrémédiablement atteint" à "A interner d'urgence".

- Pendant que vous êtes occupée à suivre avec avidité un clash de toute beauté entre @froufrouetmaquillage et @MLFandCo, votre fille traverse le salon en vous informant: "Maman je vais me raser les jambes avec l'épilateur électrique sous la douche" et vous lui répondez distraitement "Oui, oui". Quand votre seul neurone resté disponible réussit enfin à activer la sonnette d'alarme parentale, votre première réaction est: "Elle est rigolote ma fille, je m'en vais twitter son bon mot tout de suite, ça me fera plein de RT". #OhWait     

- A votre entretien d'embauche, vous présentez un CV qui met en avant vos compétences: Consultant en gestion de PME - Chef de Projet #TAVU?  Links Conseil (Lolcats sur Youtube, RT des billets des blogs des @Keupins)  CA : 25 M€ - + de 1000 personnes, solutions pour TL en baisse : Twitpic avec du #Boobs, stalker stratégie                                    
Formation : MDR, Gestion following/followé  et CLash management.

- Votre conjoint vous quitte dans des circonstances dramatiques. Enfin, pour vous. Lui a l'air plutôt content. Vous repoussez de 2 heures le suicide envisagé pour pouvoir linker (qui apparaitra shortened) des chansons déprimantes sur la TL, histoire de partir avec emphase (et quelques RT posthumes).

- Pendant les disputes vous opposant à votre conjoint/ado/boss/connasse qui vous grille dans la file à la banque/beau-frère facho au repas de Noël, vous réalisez que vous laissez des blancs entre les phrases, qui correspondent aux #Hashtags dans votre tête: "Non mais je ne vous permets pas ( #VaMourirRaclure) de me parler sur ce ton, tu pouvais pas descendre la ( #MaVieDeMerde) poubelle? Va faire tes (#LesAdosCestSOChiant) devoirs! Madame (#FuckingBitch) j'étais là avant vous!

- En attente d'un enfant, vous vous mettez à chercher des noms commençant par @, parce que comme ces parents qui courent, la photo de l'échographie en main, inscrire leur future descendance à l'école la plus prestigieuse de la région, vous avez à cœur de tout organiser pour ménager à votre héritier/e une carrière de twittos digne de ce nom #CQFD

- Le vendredi, jadis consacré  préparer la liste des courses de shabbat (viande hachée pour boulettes, couscous pour manger avec les boulettes, carpe (boulettes de poisson) et harissa (que c'est toujours bien pour relever les boulettes), ou l'As-salatou-l-joumou’a Musulman ou la visite chez le poissonnier afin d'honorer le Vendredi Saint, est désormais l'occasion d'honorer le nouveau Dieu dans votre vie et de prier de tout votre cœur que vos #FF vous amènent un max de nouveaux followers.

- Alors que dans la vraie vie vous parlez un langage plutôt normal, voire recherché, surtout parce que vos parents ont passé votre enfance à vous poursuivre avec un Bescherelle (et parfois à vous taper sur la tête avec), vous avez sur Twitter la curieuse manie de vous exprimer par onomatopées et initiales dénuées de sens pour le néophyte: "Gni, gné, Han, LOL, WTF, JDCJDR, rep a sa mon bo loulou".

- Bien que vous aimiez le sexe dans toutes ses variations et ses positions, votre partenaire remarque que dernièrement, vous semblez avoir une curieuse prédilection pour la levrette. En effet, cette posture, en soi fort agréable, a surtout pour avantage de permettre à vos petits yeux avides de pouvoir prendre du plaisir sans toutefois risquer de manquer une miette de ce qui se passe dans votre TL, et à vos petits doigts agiles de faire partager à vos followers, le cas échéant, un LT de vos galipettes orgasmiques #OHOUIJESENSQUECAVIENT   #LesGensQuiTwittentNimporteQuand


Si vous vous êtes reconnu dans au moins un cas de figure, vous êtes un cas de twitoïde aigüe. Vous êtes donc invités à laisser votre @pseudo afin que je puisse vous suivre, j'aime les gens qui me ressemblent. Les autres, entre nous, il n'y a aucune chance pour que vous m'ayez lue: sans Twitter, comment seriez-vous arrivés jusque sur mon blog, hein?  



3 commentaires:

  1. Huhu, oui, je cherche des moyens de palcer des hashtags =)

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  2. Dans une version plus rurale, le couillon qui travaille depuis sa bicoque et ne peut s'empêcher de twitter maladivement à chaque pause.
    Soir venue, tempête arrivée, c'est congelé, sous la grêle et à la lampe de poche qu'il court à l'appentis chercher le bois pour prodiguer les soins intensifs à un pauvre feu sous le regard désapprobateur de l'enfant viré couleur-schtroumpf.
    Je m'en sortirai, docteur ?

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