3 novembre 2011

J'ai pas trop envie de mourir aujourd'hui

Je vis dans un pays de fous, tout le monde sait ça. Le monde entier en parle, s'émeut ou crache son venin, ce dont je me bats en général la race, parce que tant qu'on est pas ici, on ne peut pas vraiment comprendre. D'ailleurs même ici on ne comprend généralement pas. Alors  vous qui entrez ici, laissez tomber la politique, parce que j'ai vraiment pas envie d'entendre des conneries ressassées et uber-débiles, c'est vraiment pas le sujet. Bien sûr que j'ai mon idée sur la question, bien sûr que j'ai des opinions et même des idées de solutions derrière ma frange rousse en bataille. Mais je n'ai pas du tout l'intention de vous les faire partager.
Ce dont je voudrais vous parler, c'est de ma vie de quidamette dans le flux de l'histoire du Moyen-Orient. Bien sûr que je vote à chaque élection mais vous êtes tous comme moi, vous votez et le gouvernement dispose, impose, surtout si c'est pas celui que vous avez choisi.  Et entre deux élections, il y a la vie de tous les jours, entre le boulot, les enfants, les copains, les factures et les histoires de cœur.

J'ai grandi au calme entre les baobabs et les crocodiles, comme Karen Blixen mais plus à l'Ouest. Pas de guerre, pas de soucis, un monde où tout n'était que beauté, luxe calme et volupté. J'ai toujours aimé les emmerdes, je me suis donc installé en Israël, histoire d'avoir une vie palpitante et surtout de faire chier mes parents. Gros succès sur le coup des parents. 25 ans après ils râlent encore. La vie est vraiment palpitante, au-delà des mes aspirations de jeune écervelée de jadis.

Seulement voilà, j'ai pondu 2 descendants et je me fais du souci. Le premier vient d'être enrôlé dans l'armée (obligatoire) et je sais que je vais me farcir 3 longues années d'angoisse. Et si on l'enlève? Il est trop chiant, l'Etat voudra jamais l'échanger contre des terroristes. Et s'il y a la guerre? Et si il finit pas tout bien son thon en boite qu'on lui donne pendant l'entraînement sur le terrain? La seconde est une jolie sirène amoureuse qui gambade joyeusement dans tout Jérusalem, main dans la main avec l'élu de son cœur qu'elle envisage d'épouser à sa majorité, juste après que je me sois tailladé les veines de dépit parce que il n'est pas question que je devienne grand-mère, je trouve pas ça glamour. Le problème, c'est que la sirène prend beaucoup le bus. Ça vous viendrait même pas à l'idée d'avoir peur de prendre le bus, mis a part le désagrément des odeurs corporelles de certains usagers.
Ici, un trajet en bus peut finir avec l'odeur de viande grillée dégagée par les voyageurs, juste après un gros BOUM. Ici 2 ou 3 ambulances qui passent à trop peu de temps d'intervalle et c'est le cœur qui vous tombe dans la culotte. Ici c'est se demander le matin: "Je les mets mes bottes à talons sexy ou il risque d'y avoir un attentat?" , parce que je suis d'équipe administrative d'urgence à l'hôpital et que quand ça pète, je suis chargée de recueillir les documents identifiant les gens en petits morceaux et tout bien compter combien il y a de cadavres exactement. C'est vivre dans l'expectative d'une catastrophe imminente, c'est regarder autour de soi et rester sur le qui-vive, même quand on regarde des strings à paillettes dans la vitrine, c'est rester catatonique devant la télé pendant des heures pour regarder en boucle des images d'horreur et en général reconnaitre le nom de quelqu'un qu'on connait. C'est tout. C'est aussi ça ma vie, entre 2 rigolades sur Twitter, des ballades en foret ou à la mer, des repas entre copines, des séries délicieusement débiles et des mecs encore plus. Comme vous.
Sauf que pas du tout.


5 commentaires:

  1. Croisons les doigts et tout le reste pour qu'il n'y ai ni enlèvement du grand ni saloperie "explosante" dans le bus de ta princesse pastamio!

    Je comprends tes angoisses, j'ai 3 enfants et malgré qu'il n'y ai aucune comparaison dans le danger qui les entoure, je suis quand même flippé pour eux!

    xoxo

    RépondreSupprimer
  2. C'est terrible d'etre parent, surtout chez les fous. Merci a toi:-)

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour ce post bien grave mais écrit avec beaucoup d'humour. Cela fait du bien. J'ai 4 petits et je vis dans le Sud. Ce n'est facile. Voilà, ce que j'ai écrit récemment :http://kefisrael.com/2011/10/27/le-dilemme-dune-mere-a-ashdod/
    Bonne continuation. Je vais vous lire plus souvent.

    RépondreSupprimer
  4. Être parent, sur Mars, je le sentirais bien.

    RépondreSupprimer

Laissez-moi un peu de lecture pour quand je m'ennuie