22 octobre 2012

Une ame en peine dans un corps sain

Cette semaine, comme il n'y avait rien de bien à la télé (J'attends impatiemment le retour de "The Newsroom" et "Parenthood") je me suis lancée dans un projet de réhabilitation de moi-même auquel j'ai relativement assez peu de chance de survivre. C'est une sorte de combo diabolique dont je vous explique les composantes: régime + arrêt de fumer. Je suis trop une héroïne. Le programme en est à son début mais j'ai bon espoir, eu égard à mes premières réactions psychologiques et physiologiques, de décéder dans les jours prochains.

Le plus dur dans le régime, c'est surtout le régime. Sinon, maigrir c'est plutôt une chouette impression. Genre un truc dont on est sûre que ça doit être totalement enivrant de ressentir, mais qui quelque part nous échappe complètement. Depuis le temps que je dis "je me mets au régime" en étant intimement persuadée que la seule annonce de ce postulat inéluctable sera suffisant à glacer d'effroi mes cellules graisseuses et à produire une rétraction immédiate des ces petites saletés boursoufflées, il serait temps que je devienne adulte dans ma petite tête de linotte lipidifiée. La déclaration de régime comme d'autre déclarent la guerre n'a AUCUN impact sur le poids.

J'ai donc courageusement décidé d'abandonner cette lutte perdue d'avance, jouée avec des dés qui taillent des pipes et d'enfin me laisser aller comme une vieille robe de chambre de Charles Aznavour. L'homme de mes nombreuses vies dit que c'est pas grave, il aime ma beauté intérieure qui ne pèse elle que 3 kilos. Et 500 grammes de plus quand je lis Krisnamurti, qui est comme chacun sait, le fondateur des Haré. Comme Klaus est l'inventeur de la poupée Barbie. Mais je m'égare...

Le plus dur dans l'arrêt de la cigarette c'est que dès la 3eme heure de sevrage, on a comme une impression de vide total, interrompu parfois par des pulsions incontrôlables de meurtre de masse, si possible de populations composées en majorité de bébés, de chatons et de cowboys Marlboro. A côté, Smeagol avec son "précieux" a l'air d'un néophyte de l'obsession pathologique.

Mais comme je suis une outre à nicotine pleine de bonne volonté, je me suis acheté tout le kit de la fille qui se la joue qu'elle croit qu'elle va vraiment arrêter de fumer: pour commencer, patchs de la taille d'une bâche de piscine, qu'il faut prendre bien soin de pas coller le jour d'après au même endroit, sinon c'est la nécrose, puis l'amputation et pour finir la mort a brève échéance. En plus on t'enterre sûrement dans un carre réservé, là-bas tout au bout, parce que même mort tu continues à dégager une singulière odeur de vieux cigare.

Bien sûr, il faut s'armer également de chewing-gums à la cocaïno-héroïne qui te font sortir  de la fumée par les oreilles si tu les mâche pas au bon rythme mastico-mandibulaire. On te précise en grosse lettres rouges qu'il est FORMELLEMENT DECONSEILLE D'UTILISER LES CHEWING-GUMS EN CAS D'UTILISATION DE PATCHS. Evidement, après les premières 24 heures, tu es tellement en manque que tu dissimules sous ton pull 4 patchs disséminés à peu près partout où c'est permis (éviter près du cœur ils disent. Mais j'ai plus de cœur, il s'est brisé depuis que je me suis séparée de mon paquet de Triple Merde Light), tout en mastiquant vigoureusement une bonne dizaine de chewing-gums, histoire de fournir à ton corps déglingué par des décennies de tabagie au moins le dixième de ce dont il a l'habitude.
Dès le deuxième jour de ce traitement de choc, tu ressembles vaguement à un zombie croisé avec un vampire, les yeux rouges, la respiration saccadée, des vertiges et toujours cette pulsion meurtrière, teintée d'une vague envie anthropophage. Sans parler de ces chutes humiliantes de la volonté où tu te retrouves tellement bardée de patchs que tu as l'air d'avoir attrapé un virus mutant de la varicelle, sans que ça t'empêches le moindre du monde de tirer avidement sur une cigarette. Tu sais pertinemment que tu frôles l'arrêt cardiaque, l'AVC et probablement l'éclatement de la rate, entre autres dommages collatéraux, mais tu t'en tapes, parce que tu n'es plus qu'une loque décérébrée.

Sinon, il y a aussi les heures de profonde dépression où tu as envie de te taillader les veines avec  ton vieux briquet qui, réduit à une oisiveté forcée, te regarde avec un air de reproche et parfois, tu es prête à jurer que tu l'as entendu te murmurer: "Kill them' all". L'homme de ma nicotine, qui a beaucoup de patience, me dit qu'il ne m'en veut pas du tout de l'avoir poursuivi hier soir dans le salon avec une hache. C'est drole, je me rappelle de rien. 

Le plus gros inconvénient à l'ouverture simultané de 2 fronts c'est qu'ils sont un peu ANTINOMIQUES. Dès que tu arrêtes la cigarette, tu es saisie d'une fringale qui te donne envie de dévorer crus à peu près tous les animaux domestiques que tu croises dans la cage d'escalier de ton immeuble. Tu as aussi envie de t'enfiler la moitié de la production mondiale de cacao, avec de la chantilly dessus. Et des noisettes. Et aussi des crêpes. Puis la forme de la crêpe t'inspires, alors tu l'allumes, histoire de voir ce que ça donne.

C'est alors que les hommes en blanc, alertés par tes amis soucieux, inquiétés par les drôles de textos que tu leur envoies depuis une semaine (surtout ceux de 3 heures du mat, avec des mots comme "Belzebuth", "guillotine" et "broderie anglaise"), frappent à la porte. Je me demande s'ils ont  une bonne salle de gym en HP et si les médocs sont enrobés à l'aspartame (qui fait des trous dans la tête, dixit ma sœur qui est particulièrement calée dans le domaine "Vivre c'est vachement dangereux"). L'homme de ma vie, qui est psy, a promis de faire jouer ses contacts et de me faire installer les câbles dans ma cellule. Et de réparer ceux qui ont pété dans ma tête.  

6 commentaires:

  1. Ouai, le retour de coquillette et de ses billets de plus de 10 mots qui ne parlent ni de la mode automne hiver ni de la vie privée de Mme j'me-la-pête. Petite lecture du soir avant de dormir, ça m'avait manqué! Voilà il faut bien un peu d'enthousiasme pour réussir les petites luttes de la vie. Pour la cigarette je ne sais pas, je ne fume pas; mais... j'ai des crises de consommation abusives de Milka, de lobotomisation télévisuelle, d'envie de meurtre hiérarchique, etc. Pour ces addictions là il n'existe aucun patch ,ni aucune méthode palliative aussi si tu cherches une voisine de cellule je suis preneuse.
    Un jour, tu aura le prix Nobel du blog que tu pourra ranger à côté de l'oscar du meilleur scénario et on se grillera un havane pour fêter ça! Le cigare c'est pas vraiment fumer?
    (ndlr : C'est un peu le bordel ce commentaire, c'est à l'image de mon cerveau, tant pis)
    léontine

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    1. En fait je me dis souvent que je vis des situations hautement a risque, que j'ai fait des enfants, que ma vie est une tourmente juste pour le plaisir d'y trouver a posteriori ce qu'il y a de drole.La vie est un drame hilarant

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    2. cet anonyme là me dit quelque chose mais jene vais pas cafter
      Signé la Morue

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  2. A un moment, je me suis surprise à mâcher des trombones en creusant des trous dans la pelouse. C'est dangereux l'arrêt du tabac, quand ça ne se fait pas tout seul ...

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    1. Remarque, quelques trombones avec un coulis de fruits des bois,ca me tenterait pas mal, au point ou j'en suis...

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  3. Et 10 jours aps, comment vont les abstinences?
    Léontine

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