23 juin 2011

Salauds de philosophes

Je me suis levée ce matin envahie par une impression étrange, voire inquiétante. J'étais emplie d'une intense sensation de pur bonheur. Sans raison, sans explication. Juste heureuse, aimant la vie, mon prochain, les fleurs, les fourmis, les cieux, les oiseaux et le sushi. Pas les cafards ni les olives. Il y a des limites à tout. Et je ne suis même pas amoureuse.

Sur le chemin qui me mène au travail, je me mis à réfléchir. A la philosophie. A la psychologie. Et au fait que j'avais drôlement envie d'un croissant au beurre, chaud et croustillant.

Depuis l'aube de l'humanité, les hommes cogitent et cherchent désespérément une réponse a cette épineuse question: quelle est la finalité de notre présence sur Terre. Quelle est la raison de notre éclosion cosmique? Pourquoi ne nous a-t-on pas donné plus de renseignements, d'indications, de réponses? Et d'ailleurs, qui aurait dû le faire? Dieu, le cosmos, le grand Rien du Tout? Le sens se trouve-t-il dans la réponse ou dans le questionnement? Pourquoi ne nous a-t-on pas fourni le GPS qui mène au Paradis?
Je réfléchis également au meilleur moyen pour être heureux. Mais je n'avais pas la réponse en magasin. Alors peut-être faut-il, à défaut, trouver la meilleure méthode pour ne pas être malheureux.

13 juin 2011

Comment élever un ado sans finir en hôpital psychiatrique

J'élève un adolescent. Enfin deux, mais la sœur du héros de ces lignes est parfaite (cf. billet antérieur). Enfin j'élève est peut-être une allégation un peu présomptueuse. Donc j'héberge un adolescent. Mais pas n'importe quel ado. Le mien est la quintessence même de l'ado, tel qu'on peut en trouver une description à faire dresser les cheveux sur la tête dans tous les bon manuels de psychologie . Un qui suivrait "Le guide du parfait chieur" qu'ils se refilent sûrement sous le manteau. Il n'a négligé aucun chapitre. En pensant à lui, mon cœur se remplit d'amour. En le voyant agir, mon cœur se remplit de fureur. Je suis une mère bipolaire

Il était si mignon quand il est né. Il était rond et blond, avec de petits yeux pétillants qui auraient dû me laisser présager le pire. Mais j'étais encore jeune, et je ne me doutais de rien. Je fondais devant son sourire angélique. Comme j'avais des prétentions pédagogiques, je fis acquisition de quasiment tous les livres ayant un rapport plus ou moins lointain avec l'éducation et me mis à lire avidement. Je suis une mère méthodique

J'appliquai une partie des recettes pédo-psycho-éducativo-transcendentales. Apparemment pas les bons chapitres. Je fis des puzzles. Je lui racontai tous les soirs une histoire avant le coucher. Je pardonnai les infidélités de son père. La famille avant tout, c'est ce qu'on m'avait appris. Je suis une mère persévérante

9 juin 2011

Le jardin face à la mer - Petit conte d'été.

Dans un recoin de la promenade qui longe la mer, il y a un petit jardin ombragé, presque dissimulé aux regards par les pins parasols inclinés, égayé  par les couleurs vives des fleurs qui, indisciplinées, débordent des parterres et se répandent sur le sol. Une légère brise marine aux épices iodés s'y glisse par moments, se mêlant aux effluves de l'été. Quelques bancs de bois, à la peinture écaillée, sont disposés un peu au hasard sous les arbres. Des oiseaux sautillent gaiement de branche en branche, gazouillant avec conviction, ajoutant une note musicale à l'ambiance pastorale. Sur la plage, tout près, des enfants courent pieds-nus, se jettent dans les vagues, s'absorbent dans des constructions de châteaux de sable ou encore étirent le long fil de leurs cerfs-volants. La mer bleue et scintillante est calme, le bruit discret et continu des vagues donne à l'ensemble une impression de symphonie parfaite. Le crépuscule approche et déjà dans le ciel, certains nuages se parent de tons dorés et orangés.

Elle arrive à pas traînants, se laisse tomber sur un banc au hasard et ferme les yeux. Elle est âgée d'une cinquantaine d'années. Elle a été belle autrefois, aujourd'hui elle ne ressemble à rien. Ses cheveux sont gras et pendouillent sur ses épaules voûtées, les couleurs de sa robe sont passées. Elle se souvient d'être venue ici souvent avec lui, il y a longtemps. Main dans la main, amants aux yeux brillants et aux sourires complices. Pourquoi est-il parti? Elle ne sait pas, elle ne veut pas savoir. L'amour ce n'est que du malheur, c'est dangereux. Quand il l'a quittée, elle a cru mourir. Mais son cœur a continué à battre, contre sa volonté. Mais elle l'a puni en lui interdisant à jamais de battre à l'unisson avec un autre. Silencieux. Congelé. Plus jamais elle n'aura confiance. Elle préfère être seule. Seule elle contrôle, seule elle est protégée. Elle se lève, il est tard, il faut rentrer, bientôt l'heure du journal télévisé. La mer, elle ne la voit pas.
 

7 juin 2011

Que faire d'une enfant parfaite?

J’ai une fille dont je ne sais pas trop quoi faire. C’est un problème.
Avec son frère au moins je suis habituée. Il a déjà fait les pires conneries,
changé 100 fois d’école, rencontré quelques juges, planté des boutures de cannabis
dans toutes mes plantes vertes, envoyé quelques camarades se faire suturer
aux urgences et gagné le prix de l'ado chiantissime.
C’est un champion toutes catégories, un défi permanent.
J’ai fini par m’y faire.

Mais cette gosse, je n’y comprends rien. Elle a un million d’amis sur Facebook et
il semblerait qu’elle écrit personnellement à chacun d’eux.
Après qu’elle ait consciencieusement fini ses devoirs bien sûr.
Elle a un club de fans qui va en s’agrandissant chaque jour.
Sa prof est désolée de ne pas pouvoir lui mettre plus que 20 à chaque examen.
Les mères de toutes ses copines rêvent de l’adopter.

6 juin 2011

Délit de joie de vivre

Demain le procès. Je ne suis pas vraiment inquiète
En fait, je suis assez contente de moi et des crimes commis.
Et si on décide de me pendre ou de me passer par la guillotine,
qu’il en soit ainsi, je ne céderai pas et je ne regrette rien.
Je suis assise près de l’avocat commis d’office.
Il veut absolument qu’on révise. Il me lit
d’une voix monocorde l’acte d’accusation. Pour tout dire,
c’est assez long. Je souris, il me regarde de travers.
9 ans:
Déclare à sa maîtresse qu’elle est idiote et ennuyeuse à mourir,
Puis sort de la classe pour aller grimper à un arbre et y cueillir des goyaves.
Renvoyée 3 jours + exercices de maths insolubles.
13 ans:
Organise une randonnée avec tous les gosses du quartier,
sans avertir les parents et rentre seulement 2 jours plus tard.
Privée de sortie un mois + deux baffes.
18 ans:
Quitte la maison contre l’avis des parents et part habiter dans
un pays lointain et en guerre.
Rayée du testament parental + bouderie de leur part pendant un an.